
De nombreux médiums offrent leurs services contre rémunération. Cela sous-entend qu’ils trouvent des clients. Passons outre les simples curieux et attardons-nous à ces gens déstabilisés par la perte d’un être cher, qui cherchent désespérément un signe de leur part pour confirmer qu’ils ne sont pas disparus à jamais.
Perdre un proche, notamment un enfant, est sans doute l’épreuve la plus difficile que nous devions traverser dans l’existence terrestre. Il est tout naturel d’en être bouleversé émotivement, de ressentir l’absence de l’être cher et de se questionner sur son sort.
La mort suscite des questionnements tout à fait justifiés et révèle, chez la plupart des gens, l’ignorance dans ce domaine et le manque d’information ou d’enseignements à cet égard. En conséquence, quand la mort survient, la plupart des gens sont démunis, pris au dépourvu, incapables de comprendre, et donc d’accepter ce phénomène tout naturel.
Certains, moins capables d’affronter la situation, sentent le besoin d’obtenir une confirmation concrète, indiscutable et personnalisée de la survie de cet être cher. Ce genre de preuve ne se trouve pas dans les livres ni les conférences. En outre, enveloppées dans un tourbillon de pensées négatives d’inquiétude, de doute, de peur, voire de révolte, ces personnes se ferment à toute intuition pouvant leur fournir la preuve souhaitée. Incapable de l’obtenir par elle-même, elles n’ont d’autre choix que de se tourner vers une source extérieure, vers une autre personne pouvant leur procurer cette preuve : un médium.
Bien sûr, un médium adhérant aux principe spirites serait tout désigné. Seulement, encore faut-il que la personne endeuillée sache qu’il existe de tels médiums, ce qui est rarement le cas. Par ailleurs, rares sont les médiums spirites qui s’affichent comme offrant de tels services, la plupart optant pour s’associer à un groupe ou un centre spirite. De plus, en supposant que la personne soit au fait de l’existence d’un médium spirite accessible et disposé à lui offrir une séance pour tenter de communiquer avec le défunt, quelles seront les probabilités que la séance porte fruit et procure à la personne la preuve tant souhaitée? Si l’on prend en compte tous les facteurs en cause dans une telle situation, on ne peut sincèrement offrir aucune garantie, et le « client » en serait préalablement avertie
Que déciderait-il dans ces circonstances? Peut-être certains choisiront-ils d’essayer (après tout, c’est gratuit), au risque d’être déçu. Cependant, d’autres, en l’absence de garantie de réussite, préféreront se tourner vers un médium « sûr », souvent recommandé par une personne de confiance, sans s’attarder à ses allégeances. Ils s’exposeront de ce fait à la supercherie, de par leur vulnérabilité et la nature mercantile de la transaction. Puisque le client paie pour obtenir une réponse, ne s’attend-il pas à l’obtenir? Et qu’arrivera-t-il si la réponse souhaitée ne vient pas? Comment le client réagira-t-il? Que pensera-t-il du médium et de la médiumnité en général? Quelles répercussions cela aura-t-il sur sa spiritualité? Ne risque-t-il pas de dénigrer le médium qui a échoué? De commenter son échec sur les réseaux sociaux? Tout médium commerçant, étant sensible à cette publicité négative, ne prendra-t-il pas tous les moyens pour procurer la réponse recherchée? C’est un cercle vicieux.
Oui, je sais. Il y a des médiums honnêtes qui, même s’ils se font rémunérer pour leurs services, n’essaient pas de tromper leurs clients pour les satisfaire à tout prix. Mais quelles preuves irréfutables pouvez-vous me donner de la véracité de leurs consultations? Et s’ils ne parviennent pas à entrer en contact avec le défunt, que se passera-t-il? Quelles en seront les conséquences, pour eux, pour le client et au-delà? Les ramifications sont immenses.
Il ressort de cela que le véritable problème exposé par le dilemme de la médiumnité payante est, selon moi, l’ignorance au sujet de la médiumnité, tant de la part du client que du médium. Ce sera le sujet du prochain billet.