Une prière vaut mille mots

Photo de Arina Krasnikova sur Pexels.com

Dans le milieu spirite, on souligne souvent l’importance et l’efficacité de la prière, mais de la prière inspirée, celle émanant du cœur. Seulement, pour bien des gens, il est difficile d’improviser une prière en toute confiance. On a peur d’oublier un aspect important, d’être trop centré sur soi, de trop demander et de ne pas assez remercier, etc. Dans ce cas, une prière « toute faite » constitue un bon soutien, pour autant qu’on ne se contente pas de réciter des mots appris par cœur sans réfléchir.

À ce propos, la prière la mieux connue, dans le monde chrétien, est sans contredit le « Notre Père », que plusieurs apprennent et mémorisent dès leur tendre enfance. Cette prière nous fut suggérée par Jésus lui-même, mais comprenons-nous vraiment le sens de cette prière quand nous la prononçons?

Pour nous aider à en saisir davantage le sens, je vous propose ici une petite réflexion sur ses différentes strophes qui en disent beaucoup! Pour ce faire, j’utiliserai la version suivante :

Notre Père, qui es aux Cieux
Que ton nom soit sanctifié
Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite, sur la Terre comme au Ciel
Donne-nous, aujourd’hui, notre pain de ce jour
Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés
Soutiens-nous devant la tentation
Et aide-nous à nous délivrer du mal

Remarque importante : c’est là ma version personnalisée (vous verrez pourquoi plus bas). Il est toutefois à noter que l’Église a modifié la dernière strophe en 2018 pour l’adapter davantage au concept d’un Dieu bienveillant. En conséquence, la version officielle se lit : « Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal ». Je l’ai modifiée davantage pour bien marquer le fait que c’est nous qui devons faire l’effort devant la tentation et dans la résistance au mal.

Notre Père qui es aux Cieux

Cette prière frappe fort dès les premiers mots!

« Notre Père » : On remarque de prime abord que la prière est récitée à la première personne du pluriel, le nous. Elle ne dit pas « Mon Père », mais bien « Notre Père », ce qui établit clairement que ce Père est celui de tous, de sorte que tous ses « enfants » sont sur un pied d’égalité devant lui. De plus, l’emploi du nous témoigne du respect qui lui est dû, une idée qui sera renforcée plus loin. Le mot « père » illustre pour sa part le concept de géniteur ou créateur soulignant la relation entre Dieu et les humains qu’il a créés. D’une certaine manière elle établit aussi cette parenté de nature entre le créateur et la créature, cette filiation et cette probable ressemblance.

« qui es aux Cieux » : quatre mots qui stipulent que Dieu ne réside pas dans le monde matériel, comme nous, et qu’il existe de ce fait, un monde autre que ce monde matériel, ces « Cieux », qui d’un point de vue spirite ne sont rien d’autres que les zones les plus épurées du monde spirituel.

Que ton nom soit sanctifié

Sanctifier, c’est considérer comme étant sacré. Ainsi, cette strophe indique que le nom du Père (Dieu ou autre) doit être respecté comme une chose sacrée. C’est dire l’importance de cette entité et tout le respect qu’on lui doit si même son nom est sacré. Le croyant ne doit pas utiliser le nom du Père à la légère, ni le blasphémer ni le ridiculiser. Tout comme nous devons respect à nos parents, nous devons un respect encore plus grand à notre « père » suprême.

Que ton règne vienne

Par cette phrase, nous reconnaissons que Dieu est notre « roi », celui qui nous dirige et aux règles de qui nous nous soumettons. Cette strophe est un appel à l’instauration du royaume de Dieu en ce monde, mais c’est en fait un appel à nous-mêmes; à faire ce qu’il faut pour que ce royaume (ou règne) s’établisse. Dieu ne va pas nous imposer son royaume (s’il avait voulu le faire, ce serait déjà fait). Non, il préfère nous le présenter (par l’entremise de Jésus) et nous laisser le choix, comme en toutes autres choses, de l’adopter ou non. Ainsi, sa venue dépend de nous, de nos efforts de rénovation intime et d’application des lois divines. Quand nous vivrons conformément à ses règles, le royaume sera en vigueur.

Que ta volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel

« Que ta volonté soit faite » : voici un autre appel à nous-mêmes d’appliquer la volonté de Dieu, et par conséquent ses lois. En réalité, c’est un appel à la résignation et à l’acceptation du sort, puisque celui-ci constitue la volonté de Dieu. En tant que spirite, il faut comprendre que cette volonté est en fait la justice divine, qui s’applique par la loi de cause et effet (le karma) et la réincarnation. Selon cette loi, tout ce qui nous arrive aujourd’hui, est la conséquence de nos actes et pensées d’hier (nos vies antérieures). Cela étant, comment en vouloir à quelqu’un d’autre que nous-mêmes pour nos malheurs? Nous sommes les seuls responsables de nos malheurs, et les seuls artisans de notre bonheur. Il faut apprendre à reconnaître cette situation et à l’accepter.

« sur la Terre comme au Ciel » : là encore, on établit l’existence de deux mondes, soit le matériel (la Terre) et le spirituel (le Ciel). On indique également que la volonté de Dieu s’applique dans l’un comme dans l’autre, de la même façon, et que nous sommes tenus de la respecter quel que soit le monde dans lequel nous nous trouvons. Les spirites, sachant que la vie est un grand continuum, ajoute la nuance que cette volonté se poursuit sans interruption d’un monde à l’autre et que même ces transitions entre les mondes font partie de l’application de cette volonté.

Donne-nous, aujourd’hui, notre pain de ce jour

De quel pain est-il question ici? Sûrement pas celui qu’on mange, car Dieu a fourni à l’être humain tous les moyens de subvenir à ses besoins matériels par ses propres efforts. Il s’agit donc du « pain spirituel », celui qui nourrit l’âme (ou l’Esprit). Ce pain prend diverses formes, mais il ne se trouve pas au dépanneur du coin. C’est pourquoi nous en appelons à Dieu pour qu’il nous le fournisse, et ce à chaque jour, ce qui souligne son caractère essentiel, voire vital.

Ce pain spirituel, c’est d’abord la connexion spirituelle avec le divin de toutes les manières possibles. C’est s’émerveiller devant la complexe beauté d’une fleur et y voir l’œuvre divine. C’est suivre son inspiration et tendre la main à quelqu’un qui en a besoin. C’est prier ou demander le soutien de son ange gardien pour traverser une épreuve ou corriger un travers. Le pain spirituel c’est aussi l’apprentissage qui nous permet de comprendre la réalité de la condition humaine et notre relation avec Dieu et la Création.

Donc, quand on demande chaque jour à Dieu de nous donner notre pain quotidien; on s’engage aussi à le recevoir, sinon ce pain va sécher sur la table et notre Esprit dépérira.

Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés

Par cette strophe, nous reconnaissons la grande miséricorde de Dieu et nous sommes confiants qu’il nous pardonnera. Cette strophe contient aussi un appel à suivre son modèle et pardonner de la même manière à ceux qui nous ont lésés. Ce type de pardon va bien plus loin que de simples paroles, c’est un changement d’attitude et de mode de pensée vis-à-vis de la personne et de l’acte en question. Pardonner, c’est accepter ce qui s’est produit comme une erreur et la conséquence de nos imperfections; c’est aussi ne pas entretenir de pensées négatives à cet égard pour briser le cercle vicieux des passions néfastes et envelopper l’autre d’amour pour croître ensemble.

Je souligne que certains y voient une confirmation que Dieu nous pardonne dans la même mesure où nous pardonnons nous-mêmes. C’est selon moi une erreur, car cela ramène Dieu à notre niveau, puisque son pardon serait alors conditionnel. Cela ne correspond pas à sa perfection à tous égards.

Soutiens-nous devant la tentation
Ici, je déroge de la tradition et de la version révisée officielle. Le combat est nôtre. Dieu ne nous soumet pas à la tentation. Encore une fois, le voir ainsi, aussi vil et mesquin, c’est le rabaisser bien bas. La tentation est une perception toute personnelle, qui découle de notre imperfection et de notre manque d’évolution morale. Cela dit, Dieu peut sans contredit nous épauler dans notre amélioration intime, et ainsi, nous aider à non seulement résister à la tentation, mais cheminer encore davantage pour en venir à ne plus éprouver la tentation. Pour ma part, c’est ce que je lui demande dans ma prière : m’envoyer le soutien dont j’ai besoin pour m’améliorer au point de ne plus me retrouver tenté, car je comprendrai tout ce qu’il en est. Soyons réalistes, toutefois. Cela ne se concrétisera pas nécessairement dès cette vie-ci, mais cela viendra avec les efforts nécessaires.

Et aide-nous à nous délivrer du mal

Ici encore, je déroge. Il ne revient pas à Dieu de nous délivrer du mal, car ce mal nous l’avons nous-mêmes engendré par nos actes et pensées (dans cette vie ou dans les précédentes). En conséquence, c’est à nous qu’incombe cette responsabilité. Par contre, Dieu pourra nous aider à y parvenir, pour peu qu’on prenne la peine de lui demander.

On en revient à l’objectif même de cette prière, qui est d’établir une connexion avec « Notre Père »! Prier Dieu, c’est à la fois reconnaître son existence (sinon à quoi bon prier?), la relation qui nous unit, les rôles et responsabilités de chacun, et nous engager à faire notre part pour évoluer et tendre vers la perfection, à son image.

En conclusion, je vous invite à utiliser dès aujourd’hui ce Notre Père vu d’un nouvel angle en réfléchissant davantage à ce que vous dites pendant que vous le récitez. Bonne prière!

Une réflexion sur “Une prière vaut mille mots

  1. Myriam Tremblay 27 décembre 2021 / 18 h 29 min

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