
L’identité des esprits avec lesquels on communique est un sujet qui a son importance pour s’éviter des problèmes. En règle générale, dans les milieux spirites et spiritualistes, on n’invoque pas l’esprit d’une personne en particulier. Il y a plusieurs raisons à cela, que nous allons examiner.
En premier lieu, c’est parce que le message en soi prime de loin sur le messager. Ce qui importe n’est pas l’origine d’une communication, mais son contenu; c’est elle qui nous sera profitable, principalement, pour autant que l’on y accorde une attention raisonnable et que l’on applique les conseils et orientations qui nous sont transmis et qui visent habituellement notre amélioration personnelle, puisque celle-ci est le but ultime de notre existence.
En conséquence, le fait que le message provienne d’une source ou d’une autre est négligeable pour autant que son contenu soit valable. Mais comment en juger? Qu’il provienne d’une source fiable ne confirme-t-il pas sa validité?
En fait, non! Pour la simple raison que, de notre point de vue humain, nous ne pouvons jamais être sûrs à 100 %, de façon indéniable et incontestable, de l’authenticité de l’origine d’un message. Pourquoi? Parce que nos connaissances et nos certitudes sont le fruit de l’observation, donc de ce que peuvent capter nos sens. Je reconnais une personne à diverses particularités de son apparence (ce que je vois), à son parler (ce que j’entends), à son parfum (ce que je sens), à son rire ainsi qu’à ses idées et ses opinions; toutes des choses qu’un bon faussaire peut reproduire… Et de bons faussaires, il y en a à la tonne dans l’au-delà. Aucun médium n’est à l’abri, d’autant que les perceptions de la plupart des médiums restent toujours un peu floues.
Cela dit, on ne doit pas en conclure qu’un esprit qui se communique n’est jamais celui que l’on pense ou qu’il dit être et qu’on a toujours affaire à des faussaires. Seulement, il faut faire preuve de discernement et de bon sens. Dans une certaine mesure, il faut aussi se fier à son instinct et à son ressenti. Si les éléments d’identification fournis nous paraissent satisfaisants, voire convaincants, et qu’il nous semble que le message pourrait raisonnablement provenir de cet esprit, du fait de son contenu et de la manière dont il est formulé, qui correspondent à ce qu’on en connaît, il est logique de convenir que l’on a bien affaire à l’esprit de la personne légitime.
J’ai indiqué que le contenu était plus important que le messager. C’est d’ailleurs un élément clé pour authentifier la provenance d’un message, de façon générale; à savoir s’il vient d’une source fiable, même si ce n’est pas l’esprit spécifique associé à l’identité fournie, qui pourrait transmettre un contenu similaire. Autrement dit, sachant que les Esprits s’associent en fonction de leurs affinités et de leurs niveaux d’évolution, si un message contient des informations ou des orientations éclairées et profitables qui nous paraissent sensées, on peut en déduire qu’il provient d’une source apte à transmettre des messages de cette nature. De là, que le message ait été communiqué par un esprit spécifique ou un autre de même catégorie ou du même groupe qui utiliserait le même nom a peu d’importance.
Bref, si le contenu d’un message correspond à la nature de la personne qui se communique, il est raisonnable de considérer qu’elle est en bien l’auteure.
Cela nous mène au deuxième point : les signatures n’ont aucun poids, contrairement à ce que l’on pourrait penser. N’importe quel Esprit trompeur utilisera sans vergogne la signature d’un autre s’il croît en tirer profit. Il est donc fortement recommandé de se méfier des messages portant la signature d’un personnage historique notoire ou d’une personnalité mondaine. Ainsi, un message signé par Einstein, Socrate, Jésus ou même Dieu, devrait sonner l’alarme et pourrait tout aussi bien porter la mention « arnaque » en lettres d’or. À ce sujet, certains souligneront que Kardec lui-même, dans le Livre des Esprits, a reproduit des réponses obtenues par de tels personnages, comme saint Louis, saint Augustin, Socrate et autres, mais soyez convaincu qu’il l’a fait avec beaucoup de réserves et en les ayant comparées aux écrits et paroles de ces gens, de leur vivant, et parce que ces réponses convergeaient avec celles obtenues d’autres sources aux mêmes questions.
Questionner les signatures « célèbres » est important, car elles s’apparentent à des méthodes d’hameçonnage. En effet, un esprit trompeur qui réussit à gagner notre confiance vient d’abattre une importante barrière et trouve le champ libre pour amorcer une fascination qui peut mener loin.
Donc, prudence, méfiance et discernement sont de mise.
Il y a un troisième point à prendre en considération en ce qui concerne l’identification des Esprits, c’est que les gens changent après la mort. Même si une personne qui se désincarne demeure elle-même et ce qu’elle était de son vivant, cet état de fait n’est pas statique et éternel. Une fois adaptée à sa nouvelle situation, il est fort probable que la personne continuera d’évoluer et qu’elle changera dans une certaine mesure, du moins intellectuellement et moralement. De plus, elle adoptera un point de vue différent après avoir regagné le monde spirituel. En conséquence, elle pourrait transmettre des messages qui « portent son empreinte », si l’on peut dire, mais dont le contenu pourrait nous laisser perplexes parce qu’il ne cadre plus aussi bien avec ce que l’on connaissait d’elle de son vivant. Là encore, le contenu du message devrait primer sur son origine, de sorte qu’on pourra toujours recevoir agréablement un message sensé, bienveillant, utile et profitable.
En résumé, comme on ne peut jamais être entièrement sûr de l’identité absolue de l’Esprit qui se communique, il vaut mieux concentrer notre attention sur le message en soi, puis l’analyser rationnellement et avec discernement avant de le considérer valable.